Lettre au ministre de l’Education nationale
Par Société des agrégés, le 14 janvier 2020
Cette lettre a été envoyée le 12 décembre 2019.
À M. Jean-Michel Blanquer
Ministre de l’Éducation nationale
Monsieur le Ministre
Permettez-moi de vous adresser personnellement les vœux du Comité de la Société des agrégés, auxquels j’ajoute deux points particuliers, issus de la réflexion de nos collègues.
La revalorisation des agrégés, d’abord.
Mis en évidence par les simulations effectuées dans le cadre de la réforme des retraites, le décrochage du traitement des professeurs agrégés par rapport aux autres cadres de catégorie A+ s’explique sans doute par l’absence de primes mais il n’est pas justifiable. D’autant que les agrégés, ayant perpétuellement été exclus des revalorisations touchant les professeurs, depuis plusieurs décennies, sont les professeurs ayant le plus perdu en pouvoir d’achat. Dans le même temps, continûment pointés du doigt comme des privilégiés, ils ne bénéficient d’aucune reconnaissance spécifique ni en termes de mutation, ni en termes de progression de carrière.
La baisse du nombre d’inscrits aux épreuves de l’agrégation, certes plus faible que la diminution du nombre de candidats dans les autres concours de recrutement, est une conséquence de cette situation. Beaucoup d’agrégés ont le sentiment d’être mal employés et mal rémunérés.
La Société des agrégés compte que le rôle et les compétences spécifiques des agrégés soient enfin reconnus et qu’ils ne sortent pas, une fois de plus, perdants des négociations qui s’engagent.
L’évolution des modes de recrutement, ensuite.
Les membres du Comité ont été particulièrement indignés que le bilan d’étape du groupe de travail Formation et ressources du Comité scientifique de l’éducation nationale, considère, sans autre forme de procès, que l’agrégation externe « n’a plus d’objet ».
Ils en sont d’autant plus scandalisés qu’une réforme du Capes envisage apparemment de transformer ce concours en simple épreuve de recrutement, sans réel examen des compétences disciplinaires des collègues ainsi sélectionnés.
Si l’agrégation interne peut, en effet, constituer un moment important de la carrière – et représente pratiquement aujourd’hui la seule formation continue disciplinaire – l’agrégation externe permet de recruter de jeunes collègues brillants et se trouve être le seul concours à offrir des possibilités de reconversion acceptables à des cadres de haut niveau. Il serait inacceptable de parvenir à un écrasement de l’échelle des salaires, déjà bien engagé par l’absence de revalorisation des agrégés, par la suppression de l’agrégation externe.
Comptant sur votre engagement et nous tenant à votre disposition pour une audience, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération respectueuse.