Qui veut… devenir professeur ?
Par Société des agrégés, le 5 février 2013
Sur les murs du métro, une bande de gentils énergumènes à l’air extrêmement sympathique lèvent le doigt comme des élèves brûlant de se rendre au tableau. Ils sont censés répondre à des questions dans laquelle chacun reconnaîtra le jargon de prédilection de l’Éducation nationale : « Qui veut enseigner l’esprit libre ? », « Qui veut apprendre à apprendre ? », « Qui veut la réussite de tous ? ». Leur enthousiasme apparaît un peu factice devant ces slogans émoussés…
C’est l’été, ils sont en tee-shirt, ils apparaissent singulièrement désarmés. Les attributs du savoir qu’on pourrait s’attendre à voir illustrer l’affiche ? Deux d’entre eux ont des lunettes trop grandes pour eux. La publicité rappelle curieusement la campagne d’une célèbre enseigne de fast-food dont les affiches proclamaient « Venez comme vous êtes ! »
La campagne lancée par le Ministère pour décider un plus grand nombre de candidats à se présenter aux concours de recrutement organisés par l’Éducation nationale est de nature à conforter les inquiétudes suscitées par la création des ESPÉ prévue par le projet de loi et les interrogations sur le profil des candidats aujourd’hui recherchés.
Quelle vision dramatiquement édulcorée de la profession ! On cherchera en vain, derrière ces trois étudiants, un adulte responsable, un cadre de la Fonction publique, un professeur incarnant l’État dans sa fonction d’instruire les plus jeunes. On voit au contraire un(e) jeune étourdi(e) plein(e) de bonnes intentions, un peu godiche – il faut dire que la posture imposée n’aide pas au sérieux, une gentille caricature de bon élève, inconsciente de la gravité de sa tâche, des obstacles qui l’attendent, du travail, très important à fournir, des enjeux de la formation des plus jeunes d’entre nous.
Nous attendons des professeurs experts dans leur discipline, rassurants, adultes, qui puissent guider les élèves et les étudiants vers l’autonomie intellectuelle, que veut, que propose l’Éducation nationale ?