Interdits de mobilité

Par Société des agrégés, le 19 septembre 2017

Interdits de mobilité

La Société des agrégés accompagne les agrégés dans les différentes étapes de leur carrière. Parmi les obstacles rencontrés, le veto mis par les académies au départ des professeurs du second degré recrutés dans le supérieur. Une question qui révèle les insuffisances des ressources humaines des ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur.

 

Une situation tendue

Notre association alerte, depuis près de 10 ans, tous les ministres chargés de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur sur le veto que mettent les académies au départ des professeurs du secondaire recrutés à l’université pour y donner des cours et poursuivre leurs recherches.

Les contrats obtenus peuvent être des contrats doctoraux ou des contrats dit d’ATER, qui sont des contrats à durée déterminée. Il existe aussi des affectations définitives sur des contrats à durée indéterminée (PRAG). Signe d’une aggravation récente, les départs pour des affectations définitives, généralement facilement acceptés, rencontrent également désormais des refus. Notre association doit faire face à de plus en plus de demandes d’assistance.

Certes, il existe une incompatibilité, aussi manifeste que dommageable, des calendriers scolaire et universitaire, comme l’a rappelé sur France Inter la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ce matin. Mais les difficultés rencontrées par les professeurs trouvent leur source dans un problème structurel de ressources humaines. Il existe une concurrence difficilement explicable entre des institutions qui, selon les gouvernements, relèvent même souvent d’un seul ministère.

 

Des réponses inadaptées

Pour le moment, personne n’a su résoudre la question. En 2016, une note de service a même offert une justification supplémentaire aux académies qui veulent mettre leur veto à tout départ : les détachements deviennent interdits à tout professeur n’ayant pas été titulaire pendant au moins deux ans auparavant.

Personne n’a encore jamais émis les bonnes interrogations : pourquoi le nombre de candidats au concours n’est-il pas suffisant pour pourvoir tous les postes ? Pourquoi les démissions ont-elles augmenté ces dernières années ? Pourquoi nombre de professeurs souhaitent-ils fuir le collège ? Et surtout: comment attirer les meilleurs ? Comment valoriser leurs carrières ? Quels parcours proposer aux nouvelles générations qui n’envisagent plus de conserver le même type de poste pendant quarante ans ? Comment permettre aux professeurs de concilier enseignement et recherche ?

Il faut dire que certaines questions, plus souterraines, sont épineuses : pourquoi l’enseignement est-il à ce point dévalorisé par rapport à la recherche ? Pourquoi serait-il plus grave pour l’enseignement secondaire que pour l’enseignement supérieur de ne pas pouvoir compter sur des professeurs de qualité ?

Pour le moment, on a choisi la voie répressive au lieu de la voie du dialogue et de l’accompagnement : interdiction des départs, menaces pour abandon de postes… La pénurie de professeurs dans le second degré et l’incapacité du ou des ministères successifs à utiliser aux mieux les compétences des agrégés sont les deux faces du même problème. Il doit être clairement posé pour être résolu.