Après l’annulation de crédits pour l’enseignement scolaire, le ministère doit ajourner l’instauration de « groupes de niveaux » au collège
Par Société des agrégés, le 23 février 2024
La Société des agrégés, qui avait approuvé « sous réserves et sous conditions » certaines mesures annoncées par Gabriel Attal, en décembre 2023, notamment l’instauration de « groupes de niveaux » au collège, en français et en mathématiques, estime que ces conditions ne sont pas et ne seront pas remplies.
L’annulation de quelque 692 millions d’euros de dépenses pour l’enseignement scolaire, dont la plus grande partie porte sur des dépenses de personnel, rend totalement impossible la mise en œuvre, à la rentrée prochaine, de ces mesures, qui nécessitent, comme l’avait alors reconnu le ministre lui-même, d’importants moyens humains – sans compter qu’elle dégradera encore davantage les possibilités de remplacement. Les premières remontées du terrain laissaient déjà craindre que les dotations horaires allouées pour l’instauration des « groupes de besoin » ne fussent très insuffisantes ou prises sur les moyens attribués à d’autres dispositifs ou options. Les coupes budgétaires décidées par le gouvernement rendent totalement impossible ce changement structurel.
Dans ces conditions, la Société des agrégés estime qu’il serait déraisonnable d’imposer à tous les collèges une réforme qui implique, pour créer des groupes de niveaux, des moyens horaires supplémentaires et demande qu’elle soit ajournée, faute de quoi, elle serait non seulement inopérante, mais contre-productive et aggraverait, sans aucun bénéfice pédagogique, les conditions de travail des élèves, des professeurs et des personnels de direction. La Société des agrégés suggère qu’elle soit appliquée, de manière expérimentale, dans quelques collèges volontaires, en instaurant des groupes de niveaux pour une partie de l’horaire disciplinaire, sous la responsabilité du même professeur, qu’elle soit sérieusement évaluée, puis étendue, si les résultats sont probants, avec l’attribution effective de moyens supplémentaires.
Alors que l’enseignement connaît une crise sans précédent et que le métier de professeur est de moins en moins attractif, cette annulation de crédits suscite un mécontentement général, apparaît comme une provocation, voire une marque de mépris et d’irresponsabilité, et décrédibilise la parole politique.
De manière générale, compte tenu de la situation actuelle de beaucoup d’établissements déjà en sous-effectif, les économies supplémentaires de personnels ne feront que donner un coup de grâce à l’enseignement français : un pays qui n’investit pas dans son École n’a pas d’avenir !