La Société des agrégés demande aux ministres en charge de l’éducation nationale un profond renouveau dans la politique éducative

Par Société des agrégés, le 23 septembre 2024

Après plus de deux mois pendant lesquels un gouvernement démissionnaire a géré, selon la formule traditionnelle, les « affaires courantes », une nouvelle ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse vient enfin d’être nommée, ainsi qu’un Ministre délégué, chargé de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel.

Bien que s’interrogeant, dans les circonstances politiques actuelles, sur la longévité du gouvernement, la Société des agrégés, comme elle l’a toujours fait, entend établir un dialogue avec les nouvelles autorités ministérielles qu’elle jugera sur leurs décisions et leurs actes. Dans l’immédiat, elle sollicitera une audience pour leur présenter les grands principes qui guident sa réflexion et son action, leur faire part de ses exigences pour le redressement de l’Éducation nationale et de ses propositions pour rehausser le niveau scolaire et remédier à la crise du recrutement et au manque d’attractivité de la profession enseignante.

La Société des agrégés demande avec insistance aux nouveaux ministres une rupture profonde avec la politique éducative menée depuis des décennies, sous tous les gouvernements, qui a conduit à la diminution des exigences, à la déperdition de l’autorité du savoir et du maître et, finalement, à la perte de sens du métier de professeur.

À cet égard, l’engagement d’instaurer un plan pluriannuel de revalorisation des traitements, l’ajournement de la réforme projetée de la formation initiale et du recrutement, l’abrogation du décret modifiant le statut particulier des professeurs agrégés, qui confie aux recteurs d’académie certains actes de gestion du corps des professeurs agrégés, constitueraient des premiers signes de bonne volonté.

Malgré la période de vacance du pouvoir et les incertitudes de l’avenir, malgré toutes les insuffisances constatées dans le fonctionnement du système éducatif, la rentrée scolaire a pu se dérouler grâce au sens des responsabilités et à la compétence de la majorité des personnels d’enseignement et d’éducation, des chefs d’établissement et des agents administratifs et techniques, qui ont à cœur d’effectuer leur mission de service public. Il appartient à Mme Anne Genetet, ministre de l’Éducation nationale, à M. Alexandre Portier, ministre délégué, et, plus généralement, au nouveau gouvernement, de prendre appui sur ce potentiel pour redonner du souffle à un enseignement républicain en perdition, qui doit redevenir pleinement un facteur d’émancipation, de promotion et de progrès, en remettant le savoir au cœur du système éducatif.

Un tel redressement ne sera possible que si le ministère prend mieux en compte l’expérience des personnels au contact des élèves, s’il consent à les consulter et à les entendre sans dédaigner leurs avis et si le gouvernement conduit enfin une politique éducative qui mette l’accent sur la mission de promotion intellectuelle, culturelle et sociale de l’enseignement et s’en donne les moyens budgétaires.