L’agrégation demeure un concours de haut niveau

Emporté par l’élan vengeur de sa diatribe contre le baccalauréat et le piètre niveau des élèves, Luc Ferry envoie, en passant, une pique à l’agrégation, mettant en doute le niveau de notre prestigieux concours.

M. Ferry ferait bien de suivre ses propres conseils et d’étudier ses dossiers : il n’y a guère plus de postes offerts à l’agrégation de philosophie que lorsque M. Ferry l’a passée en 1975 : 70 postes alors, 76 aujourd’hui (tous pourvus), on conviendra que la différence est minime.

Au lieu de jeter le soupçon sur un concours demeuré exigeant, un conseil et une invitation.

Le conseil, c’est de vérifier ses sources. Quoi de plus fiable que de repasser les écrits en 2017 afin de prendre soi-même la mesure de la difficulté actuelle, qui n’est pas moins grande qu’autrefois ? Saint Augustin, Hume, la notion « le monde », le programme est beau. Il sera certes bien plus compliqué de rédiger une dissertation en sept heures, de construire une argumentation et d’étayer ses propos sans jamais perdre de vue la vérité plutôt que de lancer des anathèmes dans des tribunes piquantes rédigées sur le pouce. Rappelons que les inscriptions auront lieu, en ligne, entre le 8 septembre et le 13 octobre.

Et puis, une invitation. On se rendra plus utile en venant assister nos agrégatifs et accompagner leurs efforts au long de leur année de préparation qu’en se répandant en écrits venimeux qui ajoutent à un climat français détestable, où l’on préfère trop souvent constater l’échec avec une jubilation méchante que de s’engager sincèrement au long cours. L’atelier de l’agrégation et les professeurs bénévoles de la Société des agrégés qui l’animent se réjouiront, bien entendu, de toute aide que pourra leur apporter M. Ferry.