Ethique et numérique

Par Société des agrégés, le 28 mars 2013

Ethique et numérique

« Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? que veut-il? »

Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,

Une âme à la machine et la retire à l’homme ! »

La production des appareils qui nous permettent aujourd’hui de communiquer, de travailler, voire de jouer repose sur le labeur d’une partie de la population mondiale qui a eu le malheur de ne pas naître du côté confortable de la planète – ce n’est pas un secret. Les marques de matériel informatique ont souvent été accusées, rapports à l’appui, de le faire fabriquer dans des conditions d’hygiène et de sécurité indignes[1], parfois par des enfants.

L’école numérique, pourquoi pas, peut-être. Mais que va-t-on expliquer à nos élèves ? Qu’ils travaillent en s’amusant sur ce qui éreinte leurs camarades moins chanceux ? Que l’on peut étudier De l’Esclavage des nègres ou Melancholia sur du matériel issu de l’asservissement que l’on dénonce avec les auteurs de ces textes ?

Au-delà de l’aspect ludique de l’enseignement numérique, au-delà de la réflexion sur la pratique de l’informatique[2], il est nécessaire d’engager une réflexion de fond sur sa mise en œuvre : ce qui relève de la décision personnelle et de la conscience de chacun change de dimension quand il s’agit d’équiper une école. Puisqu’on nous parle développement durable, éducation à la citoyenneté, puisque les professeurs eux-mêmes sont désormais labellisés « éthiques et responsables » : à quand le numérique éthique et responsable ?

 


[1] Notamment le rapport de Fair Labor… En 2012, Apple avait jugé les accusations suffisamment sérieuses pour y répondre par un long communiqué.

[2] Voir le dossier spécial du dernier numéro de L’Agrégation : L’école numérique.