La maison qui rend fou
Par Société des agrégés, le 18 juillet 2014
À l’étudiant désireux de faire une thèse – « On vous dit de passer l’agrégation avant de vous inscrire en thèse, ici, c’est une condition pour obtenir le contrat doctoral !»
À l’agrégé désireux de faire une thèse – « Quoi, vous ne saviez pas ? Oui, vous avez obtenu votre contrat doctoral, oui, vous avez dû faire un dossier, le soutenir, oui, vous avez obtenu la première place de l’école doctorale, mais si vous êtes agrégé, vous n’avez aucune chance d’obtenir la disponibilité nécessaire pour en bénéficier. Circulez, un petit tour en collège vous fera du bien ! »
À l’étudiant ayant passé l’agrégation après sa thèse – « Vous avez obtenu le contrat doctoral, parfait, vous avez fini votre thèse, excellent ! Faire valoir votre expérience ? Ça ne va pas non ? Vous avez enseigné cinq ans dans l’enseignement supérieur ? Vous commencerez votre carrière au premier échelon en collège, comme tout le monde ! »
On perdrait son temps à chercher une logique là-dedans. Les contradictions vont malheureusement finir par venir à bout d’un système qui garantit pourtant le niveau des docteurs, la qualité de l’enseignement des premiers cycles à l’université et la promotion et la valorisation des compétences des agrégés dont le statut prévoit qu’ils enseignent au lycée et dans l’enseignement supérieur.
Or la solution est simple : l’attribution systématique du détachement ou de la disponibilité lorsque contrat doctoral ou contrat d’ATER sont signés après l’agrégation.
Le faible nombre des agrégés concernés n’est pas de nature à remettre en cause la bonne marche du second degré. Et les universités ont, elles aussi, pour les premiers cycles dans lesquels ces doctorants sont appelés à enseigner, besoin d’enseignants très qualifiés.
Notre administration marche sur la tête et passe son temps à rebuter des personnes, pourtant plusieurs fois sélectionnées par son propre système. Quand se décidera-t-on à faire réellement le choix de la promotion des talents ?