Décret sur une nouvelle voie de l’agrégation pour les docteurs
Par Société des agrégés, le 24 mai 2016
Décret sur une nouvelle voie de l’agrégation pour les docteurs : la Société des agrégés déplore un manque d’ambition et dénonce un passage en force.
Paris, le 24 mai 2016 – Le décret ouvrant une voie réservée aux docteurs au concours de l’agrégation a été publié aujourd’hui au Journal officiel alors que le rejet de cette proposition mal ficelée et lacunaire était quasi unanime. Une nouvelle fois, le gouvernement passe en force et ignore la discussion, choisissant une solution purement administrative et dépourvue d’ambition. La Société des agrégés déplore que le concours subisse les conséquences d’un manque de réflexion à long terme sur les rôles respectifs et les enjeux de l’agrégation et du doctorat. Elle dénonce une opération de communication à courte vue destinée à donner l’illusion de l’action.
La Société des agrégés avait fermement dénoncé le projet de décret visant à créer une troisième voie de l’agrégation réservée aux docteurs (vœu du Comité du 29 novembre 2015). Elle avait fait valoir que les docteurs peuvent déjà s’inscrire au concours existant, qui leur est tout à fait accessible. Elle avait par ailleurs rappelé que les agrégés docteurs actuellement en poste dans le second degré sont abandonnés à eux-mêmes et que leur doctorat n’est absolument pas valorisé. Quant à l’enseignement supérieur, les postes sont notoirement insuffisants pour accueillir les docteurs ayant achevé leur cursus, qui sont trop souvent cantonnés à des postes précaires.
La Société des agrégés s’inquiète par ailleurs du contenu des épreuves d’admissibilité et d’admission de ce troisième concours et rappelle que l’agrégation a pour vocation de recruter d’excellents généralistes dans leur discipline, en vue de l’enseignement. Elle souligne son attachement à la variété du contenu des programmes des différentes sections et à la part des disciplines connexes dans la formation des futurs agrégés (chimie pour la physique et physique pour la chimie, histoire pour la géographie et géographie pour l’histoire, langues vivantes et anciennes pour les lettres et la philosophie, esthétique pour les disciplines artistiques…). Elle rappelle que toute agrégation doit comporter nécessairement des épreuves permettant d’apprécier la possession des qualités recherchées : maîtrise de connaissances généralistes, rapidité d’exécution, esprit de synthèse, capacité à présenter de manière simple des idées complexes, maîtrise de l’écrit en temps limité et sans assistance extérieure.
La Société des agrégés, qui promeut depuis longtemps la complémentarité entre l’agrégation et le doctorat, s’élève fermement contre cette réforme précipitée, qui risque d’altérer durablement le concours tout en écartant une réflexion approfondie sur son objet, son avenir et ses atouts indéniables dans le contexte international.
Contact presse : Blanche Lochmann, présidente – 01 46 33 00 79