« Écrire et rédiger » – rapport du Cnesco
Par Société des agrégés, le 11 avril 2018
Il faut malheureusement se résoudre à ce constat, le Cnesco craint d’aller trop loin dans ses préconisations en dépit de la réalité qui s’impose à lui, comme à nous tous, parents et professeurs.
Les choses sont pourtant simples, même si la mise en oeuvre est plus difficile. Pour que les élèves n’aient pas peur d’écrire, il faut que l’écriture devienne naturelle à force d’entraînement. Pour qu’ils n’aient pas honte de ce qu’ils écrivent, il faut avoir beaucoup travaillé la forme. Les professeurs ont raison – contrairement à ce que dit le Cnesco – de s’intéresser à l’orthographe et j’ajoute qu’il faudrait se pencher davantage sur la formation des lettres afin qu’elles soient élégantes et efficacement tracées. Enfin, pour que les élèves aient des idées, il faut leur faire découvrir des récits riches et variés que le professeur met à leur portée (c’est précisément son métier !), non se contenter de la littérature jeunesse à la qualité inégale (vous avez lu La Crotte de Tsé-Tsé ? Moi oui…).
J’observe que, ces dernières années, les fabricants de fourniture s’étonnent de la croissance exponentielle de la vente des tubes de colle. Que les photocopies sont dramatiquement omniprésentes. Que le lutin est en passe de détrôner le cahier. C’est un cercle vicieux: moins on écrit, plus l’écriture est chronophage, plus on cherche à éviter cette activité.
Or, l’écriture ne doit pas se limiter à la production de textes inventés, elle doit être présente partout : copie de la leçon, du poème à apprendre, dictée. Si l’entraînement n’est pas suffisant, si l’on se contente d’exercices de grammaire à trous, si l’on ne corrige pas les erreurs, on obtient, au bout de quinze ans de scolarité, des jeunes gens qui écrivent le français comme s’ils écrivaient une langue étrangère : les réflexes qui rendent possible la rapidité de la prise de notes ou de la rédaction sont absents, transformant toute production écrite en parcours semé d’embûches.
Le Cnesco a-t-il peur de dire clairement les choses, au risque de se faire taxer de conservatisme ? Malgré tous les progrès de la science, malgré les innovations à l’oeuvre dans l’entraînement des sportifs, on n’a toujours pas trouvé de meilleur moyen de marcher que de commencer à se mettre sur ses deux jambes ou d’autre méthode pour nager que de se mettre à plat dans l’eau et de recommencer plusieurs fois les mouvements jusqu’au résultat souhaité. Qu’apprendre à écrire ou à parler passe par les mêmes premières étapes depuis que l’homme écrit ou parle, que cela demande, comme pour toute autre activité humaine, un entraînement important à base de répétition, est-il vraiment si étonnant ?
Ne craignons pas de dire à nos élèves et à nos enfants que les difficultés qu’ils éprouvent sont normales, que nous avons rencontré et continuons à rencontrer les mêmes. Répétons, entraînons, encourageons mais corrigeons !
Rapport à consulter ici.