CPGE : non à la théorie du complot !
Par Société des agrégés, le 13 décembre 2013
Depuis jeudi, on sait que le Ministère diffère, pour reprendre la discussion, les mesures concernant les obligations de service et la rémunération des professeurs de classes préparatoires. Des mesures mal calibrées, hâtivement préparées, à peine discutées et injustifiables. Y a-t-il vraiment besoin de crier au complot pour en expliquer la suspension ?
Des mesures suspendues parce qu’injustifiables
La sage décision du Ministère est due à la mobilisation des professeurs de classes préparatoires ainsi que des élèves qui les ont soutenus, non pas, comme on l’a faussement prétendu, par ignorance des véritables motifs de la colère exprimée, mais bien parce qu’ils souhaitaient montrer leur appui aux professeurs dont ils peuvent éprouver, chaque jour, le dévouement et la détermination à les faire réussir. C’est un succès pour les associations de professeurs qui ont su animer le mouvement à Paris et en province avec clairvoyance et détermination.
On a tout entendu pendant ces dernières semaines. Il était vain d’essayer de faire comprendre que ce n’est pas à la restriction par la loi du nombre d’heures supplémentaires que les professeurs s’opposaient : ces heures supplémentaires, le plus souvent imposées par l’horaire officiel de la discipline ou par l’administration sont moins payées que les heures normales et ne comptent pas pour la retraite au même titre que le traitement de base… Certes, la limitation de ces heures pourrait avoir un effet bénéfique sur la création de postes de classes préparatoires, mais ce n’est pas ce qui était initialement proposé : la transformation des heures supplémentaires en heures-postes, très coûteuse, représenterait en moyenne, pour l’État, une augmentation de 63% des charges et salaires à verser. Ce qu’on imposait aux professeurs, c’est tout simplement une amputation brutale et sans préavis de leurs salaires, amputation qui touchait aussi massivement les plus jeunes dont le traitement de base était moindre que les plus anciens voyant leur rémunération revenir au niveau de leurs débuts de carrière.
Une théorie du complot déplacée et inadmissible
Depuis l’annonce de la reprise des négociations, voilà qu’on renchérit sur les « privilèges »des professeurs de classes préparatoires et l’occasion manquée de mettre enfin leurs têtes au bout d’une pique. Voilà que surgit la théorie du complot : ce n’est pas parce que le projet était mal ficelé qu’il tombe à l’eau, c’est parce qu’une main puissante, que dis-je des milliers de mains puissantes, sont intervenues dans l’ombre… Et voilà que l’on nous ressort tous les marronniers à la fois : sur les élites, les influences occultes, l’école ; voilà que chacun recycle ses vieilles fiches : c’est pratique, le professeur de classes préparatoires permet de croiser plusieurs sujets.
Le terrain est miné… par le Ministère ? Difficile de ne pas le croire quand on voit que c’est le Nouvel Observateur qui, ayant eu l’exclusivité de l’annonce de la suspension des mesures, a lancé ce thème.
Robin des bois, prenant aux riches CPGE pour donner aux pauvres ZEP, Solon instaurant l’égalité parmi les professeurs de classes préparatoires, Périclès sauvant la patrie mise en danger par les prépas selon PISA… Passe encore. Mais le recours à la théorie du complot est inadmissible. Sombres heures…