Panthéonisation de Jean Zay
Par Société des agrégés, le 25 mai 2015
A la veille de la panthéonisation de Jean Zay, on découvre, dans Souvenirs et solitude, un long passage consacré à une visite en Grèce, en 1937, destinée à entretenir l’amitié avec la France.
Le ministre exprime son admiration pour la qualité du travail des savants français : « On ne peut juger de la vraie grandeur de la France au dehors si l’on n’a jamais vu à l’œuvre, sur place, ceux qui représentent sa pensée à travers le monde. J’admirai les dernières trouvailles de nos jeunes archéologues car ils avaient autant de jeunesse, que de foi et de science ».
Il cherche la Pythie dans le temple d’Apollon, prend le temps de contempler la beauté de l’île de Délos, retrouve la « Grèce eschyléenne sous les ruines ». Quelques années plus tard, dans sa prison, son émotion revient, intacte, telle qu’elle était née devant le « miracle de l’archéologie ».
Le chapitre s’achève sur l’évocation du financement qu’il se fit fort de trouver pour permettre aux archéologues français de remonter des colonnes à Delphes : « l’Anastylose de la Tholos de Marmaria, dressant à nouveau vers le soleil de Delphes, en 1938, ses fûts et ses chapiteaux, offrit là une preuve vivante de cette solidarité qui unit toujours l’oeuvre de science et l’oeuvre de beauté, double idéal que l’intelligence française ne se lassera jamais de servir ».
Exhumer le bureau de l’ancien ministre et y travailler dessus au ministère ne suffit pas pour marcher sur ses traces. C’est tout au plus une opération de communication qui masque mal une politique éducative, étroite et myope, sans ambition, bien loin de la profondeur et de la hauteur de vue du grand homme.