Panthéonisation : de l’excellence appliquée aux cérémonies
Par Société des agrégés, le 26 mai 2015
Lors de l’hommage du monde scolaire et universitaire qui a été rendu à Pierre Brossolette, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle Anthonioz et Jean Zay, dans la cour de la Sorbonne aujourd’hui, les spectateurs ont pu admirer le talent et la maîtrise des élèves qui ont chanté et joué les oeuvres de Bach, Ravel, Messiaen, Fauré, Barber, Rachmaninoff.
Ils venaient des lycées Racine et La Fontaine, établissements des 8e et 16e arrondissements qui permettent aux élèves de suivre des enseignements à horaires aménagés en musique, danse ou théâtre. Et il faut s’en réjouir et féliciter élèves, professeurs et chefs d’établissement, pour leurs efforts, pour leur réussite magistrale, leur performance magnifique.
Mais on soulignera qu’on n’a pas demandé à des lycéens de la section « comédie musicale » d’un collège de banlieue ou de province de venir chanter Les 10 commandements ou Roméo et Juliette devant les cercueils de nos grands hommes. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que, pendant que sont supprimées, dans toute la France, langues anciennes, classes bilangues et sections européennes, alors que les conservatoires vont mal, les classes à horaires aménagés ne dureront pas beaucoup plus longtemps…
Si la ministre et ses successeurs trouveront certainement encore à Paris une ou deux classes d’élèves talentueux pour illustrer les diverses cérémonies et panthéonisations à venir, combien d’élèves sacrifiés ailleurs? Auxquels on aura refusé le meilleur? Sortir des déterministes sociaux et de la fatalité, c’est pourtant faire en sorte que tous les élèves de toute la France puissent exprimer ainsi et donner à voir, dans des circonstances solennelles qui leur permettent de participer réellement à la vie démocratique et civique, le meilleur d’eux-mêmes.