Rythmes scolaires : l’école prend le contrôle sur les activités périscolaires
Par Société des agrégés, le 15 février 2013
Occupant les gros titres de la presse, mesure phare de la réforme, le sujet des rythmes scolaires prend toute la place sans que soit posée une question essentielle : pourquoi introduire une telle confusion dans l’école primaire pourtant considérée comme le chantier prioritaire de la refondation ?
Devant l’impossibilité de fermer les écoles plus tôt, c’est le remplacement des heures de classe par d’autres activités qui a finalement été choisi, ce qui suscite de nombreuses interrogations. A supposer que ces heures soient réellement plus reposantes que des heures de classe, l’école a-t-elle d’autre vocation que celle d’instruire ? Quel type d’activité réserver à ces plages présumées être de détente ou de repos ?
Le centre de loisirs à l’école
Le gouvernement a beaucoup insisté sur la formation des professeurs des écoles ; peut-il faire l’économie de celle des animateurs ? De cette formation d’animateur, si tant est qu’elle existe, nul ne sait rien, pas plus que ne sont connues les conditions de recrutement à ces postes. On a vu récemment le scandale soulevé par la diffusion d’un film plus qu’inapproprié à des enfants de maternelle : cet incident, heureusement isolé, a pu se produire à cause d’une situation pourtant trop fréquente dans certaines écoles où les enfants sont placés devant la télévision, faute d’occupations véritablement éducatives.
Définir les attributions de l’école
Bref, il y a une contradiction flagrante entre le soin extrême apporté à l’éducation et l’impréparation de ces heures de garderie, entre l’exigence et l’attente de l’État vis-à-vis des professeurs, du contenu de leurs cours, de l’efficacité de leur travail et le laisser-aller dans la gestion de ces nouvelles heures dont le déroulement risque bien d’être complètement contradictoire avec l’enseignement dispensé dans les mêmes lieux.
Ce que la réforme des rythmes scolaires entraîne, à coup sûr, c’est à la fois l’impossibilité pour les parents de choisir les loisirs de leurs enfants – et on ne s’étonnera pas devant la grande résistance des parents parisiens à la réforme – et la mainmise de l’école sur toutes ces heures, ni tout à fait scolaires ni tout à fait extérieures à l’école.
Voilà qui rend encore plus incertaine une définition des attributions de l’école, aujourd’hui déjà très floues.
Publié dans le Nouvelobs + le 14 février 2013.