Suppression de la qualification par le CNU : le docteur avec l’eau du bain
Par Société des agrégés, le 24 juin 2013
Lors du dernier jour de débat au Sénat sur le projet de loi sur l’Enseignement supérieur et la recherche, un amendement[1] a supprimé la qualification par le CNU.
Comme d’habitude, supprimer plutôt que valoriser
Alors que le seul argument présenté était la fin d’une « bizarrerie française », quelques minutes ont suffi pour supprimer sans autre réflexion un processus auquel on aurait dû, au contraire, choisir de donner plus d’envergure. Si leur action se réduit à mettre le système français aux normes, il serait certainement avantageux d’envisager le remplacement des 348 Sénateurs par un simple bureau de contrôle.
Les docteurs sont la richesse de la recherche
La qualification peut répondre à deux problèmes qui se posent aujourd’hui aux docteurs : la garantie du niveau national de leur recherche que le doctorat, seul, parce qu’il est local, ne pourra jamais leur apporter et l’aide devant les incessantes tracasseries administratives auxquelles ils sont soumis.
Il serait logique que l’investissement consenti par l’État qui, souvent, a soutenu à juste titre leurs études, soit prolongé d’une aide au fur et à mesure de leur parcours : recherche d’un poste, publications internationales… jamais une université ne pourra avoir la puissance d’une organisation nationale en ce domaine pour valoriser l’extraordinaire potentiel que constituent les chercheurs français.
Il faut renforcer la qualification
Alors que l’Université s’ouvre à la dimension internationale ― que cette loi prétend d’ailleurs prendre en compte à plusieurs égards, notamment avec l’introduction d’autres langues d’enseignement que le français ; alors que le recrutement devient de plus en plus ouvert à des professeurs venus d’autres pays, alors que la recherche française doit conserver sa place dans un univers mondialisé où la concurrence est rude et constante, il faut rétablir la qualification, développer le rôle du CNU vers la valorisation des travaux de nos docteurs, donner à notre procédure de qualification la dimension d’une certification de niveau international. Mais cela demande des qualités dont le projet de loi manque singulièrement : imagination et ambition.
Et l’agrégation ?
L’agrégation, concours qui établit un lien profond entre enseignement et recherche de haut niveau, joue, dans ce cadre, un rôle de certification fort. Dans le recrutement des enseignants-chercheurs, elle permettra à l’État de remplir son objectif : valoriser et employer les talents au mieux de leurs capacités.
[1] Après l’article 43 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé : « Le premier alinéa de l’article L. 952-6 du code de l’éducation est supprimé ».