Triomphe de la force
Par Société des agrégés, le 26 janvier 2016
Grâce à cette journée de mobilisation, les Français ont pu découvrir l’état du régime sous lequel nous vivons : la démocratie est bien malade. D’un côté, quelques dizaines de fanatiques experts du blocage, de l’autre plusieurs milliers de manifestants pacifiques, tâchant de faire valoir leurs arguments.
Il n’a fallu que quelques heures aux uns pour être reçus chez le premier ministre et remporter l’ouverture d’une concertation quand les autres s’épuisent depuis plusieurs mois à obtenir un simple rendez-vous de leur ministre qui le leur refuse, réservant son précieux temps à l’entretien de sa gloire télévisuelle – un peu écornée ces derniers jours.
D’un côté les incendies, le coup de poing, l’intimidation, de l’autre des pétitions de plusieurs dizaines de milliers de signatures, des articles, le soutien des intellectuels. La balance a nettement penché en faveur des premiers. Désormais, les choses sont claires : satisfaction sera donnée à la violence, au scandale et à l’exercice illégitime de la force. C’est un désastreux message adressé non seulement aux citoyens mais à la jeunesse tout entière : cassez, incendiez, brisez, on vous entend ; écrivez, argumentez, raisonnez, on vous méprise.
Il faut dire que la réforme du collège est un exemple frappant d’autoritarisme : textes publiés par décrets ; pétitions dédaignées, élus ignorés ou contournés, professeurs critiques fichés, intimidés, menacés…
En démocratie, toutes les voix des citoyens sont réputées avoir égale valeur. C’est ce qui explique qu’une simple addition permette d’indiquer le résultat d’un vote. Aujourd’hui, certaines voix, plus criardes, ont pesé plus que d’autres.