Un mauvais bouillon de onze heures pour l’agrégation
Par Société des agrégés, le 13 novembre 2013
L’idée a fait son chemin depuis plusieurs mois dans quelques cerveaux embrumés : et si on réformait l’agrégation ? Les rumeurs ont passé, désormais les documents circulent. Les commis ont revêtu leurs tabliers et l’agitation croît en cuisine.
Sur le papier, la recette d’un potage allégé et recuit : ajouter une pointe de stage, trois grains de professionnalisation, verser une cuillerée d’entretien sur dossier, faites réduire à une ou deux épreuves…
Croit-on vraiment pouvoir nous faire avaler cette soupe ? Faire passer trois idées, toujours les mêmes, congelées depuis plus de vingt ans, pour de l’innovation fraîche ?
Faut-il le rappeler ? L’épreuve « Agir en fonctionnaire de l’État » n’a pas démontré son utilité, les épreuves sur dossier sont, de l’avis des examinateurs, les plus propices à la fraude et personne n’a jamais prouvé qu’une réflexion hors-sol à partir d’un cours qui n’a jamais eu et n’aura jamais lieu est un instrument de sélection fiable.
Le manque d’imagination le dispute au manque d’ambition : rien sur la place qui revient à l’agrégation dans un système mondial, alors que le développement des MOOC consacre le retour à un enseignement de contenus, alors que l’université française introduit des cursus entiers en langues étrangères et que ses étudiants sont confrontés à la concurrence de diplômés issus de processus extrêmement sélectifs.
L’agrégation continue à attirer des étudiants en dépit de la complexification des démarches et des parcours, elle garantit les connaissances disciplinaires générales nécessaires à la poursuite d’une recherche de haut niveau, elle est surtout une certification nationale reconnue là où nos universités peinent à exister individuellement à l’échelle mondiale.
La Société des agrégés s’élèvera avec vigueur contre toute réforme visant à réduire la part disciplinaire dans le concours de l’agrégation et à calquer les épreuves sur un nouveau Capes vidé de sa substance.
L’agrégation mérite mieux qu’un bouillon de onze heures préparé et servi en tapinois.